L’Agence Régionale de la Biodiversité et de l’Environnement (ARBE) accompagne plus de 200 collectivités en région Sud.
Elle s’est donnée pour mission de remettre la biodiversité au cœur des politiques publiques.
Sa directrice, Audrey Michel, décrypte les menaces, les atouts et les leviers d’action pour préserver et reconquérir la biodiversité sur le territoire.
Entretien.

Quelles sont les particularités écologiques de la région Sud ?

Le territoire est reconnu comme un « hot spot de biodiversité », l’un des 35 connus sur la planète.
Cela signifie que la région abrite une diversité biologique exceptionnelle :

  • 85 % des oiseaux nicheurs,

  • 87 % des libellules,

  • 94 % des chauves-souris,

  • et 65 % des espèces végétales connues en France.

Cette incroyable richesse est liée à la variété des milieux — Camargue, zones littorales, massifs alpins — qui confèrent à la région le statut de première région métropolitaine en termes de diversité biologique.

Comment se porte cette biodiversité ?

La deuxième édition de l’Indice Région Vivante, publiée en octobre 2023, dresse un tableau contrasté.
Sur les 325 espèces étudiées depuis 2000,

  • 41 % sont en déclin, notamment dans les milieux agricoles et marins,

  • tandis que 45 % progressent, comme le bouquetin des Alpes ou le vautour fauve.

Les zones humides et massifs alpins semblent plus stables, et les mesures de protection — aires marines et terrestres protégées, plans régionaux pour les chauves-souris ou l’aigle de Bonelli — contribuent à limiter les reculs.
De plus, 62 % des cours d’eau régionaux sont désormais en bon ou très bon état écologique.

Quelles sont les principales menaces pesant sur cette biodiversité ?

La région subit de fortes pressions : urbanisation, pollutions, changement climatique, extraction des ressources, mais aussi espèces exotiques envahissantes.
C’est le cas de l’écureuil de Pallas ou de la fourmi électrique, qui menacent l’équilibre des écosystèmes et la santé publique.

Depuis 2012, l’Observatoire régional de la biodiversité, coordonné par l’ARBE, suit l’évolution des populations et des pressions exercées.

Concernant l’artificialisation des sols, la région est l’une des plus touchées :

  • près de 30 % du territoire est urbanisé,

  • les zones littorales concentrent la majorité de cette artificialisation, qui a augmenté de 106 % entre 1982 et 2018.

Il s’agit majoritairement de bâti, de routes, mais aussi de surfaces agricoles dont les usages se sont industrialisés, ne permettant plus d’accueillir une diversité biologique satisfaisante.

Pourquoi est-il si important d’agir pour protéger la biodiversité ?

La biodiversité ne se limite pas à une richesse naturelle : elle constitue la base de nos vies et de nos économies.
Elle structure les paysages, attire chaque année des millions de visiteurs et soutient la première région touristique de France.

Son rôle va bien au-delà :
elle assure des fonctions vitales comme la pollinisation, la régénération des sols, la filtration de l’eau ou encore la protection contre les aléas climatiques.

La préserver, c’est aussi renforcer la résilience des territoires face au changement climatique :

  • en ville, la végétalisation réduit les îlots de chaleur et améliore le cadre de vie ;

  • dans les campagnes, l’agroécologie et la plantation de haies restaurent les équilibres naturels tout en réduisant l’usage de produits chimiques.

Enfin, la biodiversité est aussi une source d’innovation : le biomimétisme inspire de nouveaux matériaux et procédés en s’appuyant sur l’ingéniosité du vivant.
Préserver les écosystèmes, c’est donc protéger nos conditions d’existence tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour notre santé, notre économie et nos territoires.

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