À quelques semaines du début des vacances scolaires, Valérie Marcy, maire de La Motte et vice-présidente en charge du tourisme pour Dracénie Provence Verdon agglomération, nous détaille la stratégie de l’agglomération pour concilier tourisme et écologie en Dracénie.

Comment décririez-vous la place du tourisme en Dracénie ?

« Depuis quelques années, le tourisme occupe une place prépondérante dans la vie de notre agglomération. Il y a eu un déclencheur au moment du Covid.
Cette crise nous a été plutôt favorable car nous proposons un tourisme “nature et familial” ; des activités qui génèrent peu de concentration de population.
Les gens y ont trouvé leur compte en cette période difficile et la Dracénie a pu tirer son épingle du jeu, puisque désormais ces touristes reviennent. »

Le tourisme, en particulier la surfréquentation, est souvent décrié pour ses impacts écologiques. Comment conciliez-vous ces aspects sur le territoire ?

« Notre stratégie : ne pas concentrer l’afflux touristique sur les deux mois de haute saison.
Car depuis plusieurs saisons estivales, nous sommes confrontés à des problèmes de sécheresse.
Comme on a la chance d’avoir de nombreuses périodes météorologiques agréables, les touristes peuvent désormais se permettre de venir hors période de vacances scolaires.
C’est pourquoi nous organisons des évènements sur ces périodes-là.
Par exemple, le 31 mai se tenait le salon “Autour du vin prend l’air”, alors qu’en temps normal c’est plutôt lors des vacances de la Toussaint.
Cet évènement est associé au “Festival du barbecue” où plusieurs chefs étoilés proposent des expérimentations, notamment autour des cuissons végétales.
Là aussi, on se place dans une stratégie de transition.
L’idée consiste à expliquer que l’on peut manger différemment, localement, pas forcément que de la viande, tout en restant festif et convivial ! »

Quelle est votre stratégie pour éviter l’effet de masse sur certains sites naturels ?

« Nous y travaillons depuis plusieurs années.
On amène les touristes vers des circuits appropriés, afin d’éviter qu’il y ait trop de concentration en un même endroit.
Certains sites emblématiques peuvent être particulièrement touchés par le risque incendie, par la sécheresse.
Certains jours, il faut éviter d’envoyer du monde à ces endroits-là.
Donc on essaie de développer d’autres lieux de rencontres.
C’est le cas de la très réputée cascade de Sillans, qui reçoit énormément de monde.
C’est un site classé, à préserver. Il arrive que le département en interdise l’accès pendant une semaine.
Ainsi, pour éviter que les touristes soient frustrés, on peut les renvoyer par exemple sur un point de vue que nous avons aménagé au niveau du col du Bel Homme, sur la commune de Bargemon, avec une vue imprenable sur le Var aux abords du Mont Lachens. »

Comment concilier les différents usages de ces espaces naturels ?

« Pour éviter les conflits d’usages, on travaille d’abord avec les propriétaires mais aussi avec les éleveurs, les riverains et les chasseurs.
On vient par exemple de créer un départ de trail sur le Mont Lachens.
Objectif : préserver le multi-usages sur cet espace naturel.
On a balisé des itinéraires de randonnée, de VTT et autres sports de montagne, pour permettre la bonne cohabitation avec les activités pastorales notamment.
Il y aura des panneaux pédagogiques, afin d’expliquer qu’il y a des périodes où il vaut mieux éviter tel sentier et préférer tel autre, pour pouvoir garder le site ouvert toute l’année. »

Est-ce que les lieux de tourisme culturel sont eux aussi mis à contribution de cette stratégie de tourisme durable ?

« Oui. Nous avons par exemple le Musée des Arts et des Traditions Populaires de Draguignan, qui propose des expositions temporaires pour se tourner vers des enjeux environnementaux comme “économiser l’eau en Provence”.
On va essayer d’éduquer le plus possible les locaux et nos visiteurs à ces enjeux de tourisme durable.
Il faut que les citoyens comprennent que lorsque l’on vient chez nous, en Provence, l’eau est un bien précieux qu’il faut apprendre à préserver. »

Vous utilisez donc la culture pour faire passer un message écologique ?

« Exactement.
Notre culture traditionnelle provençale peut être un bon moyen de sensibiliser, notamment en lien avec la préservation de la ressource en eau.
On cherche aussi à valoriser les cultures locales endémiques comme l’amandier, l’olivier, la vigne mais aussi des productions moins connues comme la figue de Salernes. »

Quid de la mobilité dans cette stratégie de tourisme durable ?

« Nous avons développé il y a quelques années le projet “La vigne à vélo”, un itinéraire de voie verte de près de 25 km qui traverse Les Arcs-sur-Argens, Trans-en-Provence, Draguignan et Châteaudouble.
Ça nous a permis de soutenir la filière viticole après les terribles inondations de 2010, tout en promouvant une mobilité douce.
Aujourd’hui on continue dans ce sens-là, en cherchant à ce que ces outils ne soient pas seulement utilisés par les touristes mais aussi par les riverains pour des trajets domicile-travail.
On a encore une certaine marge de progression, mais l’idée est de coupler cette “vigne à vélo” au sud à l’Eurovélo 8 qui traverse le nord du territoire.
L’objectif : que toutes les communes soient accessibles à vélo. »

Comment intégrez-vous les problématiques liées au handicap dans votre politique touristique ?

« Nous avons formé un agent au niveau de l’agglomération.
Son rôle est d’amener les hébergeurs, les restaurants, les artisans… à mettre leurs services et leurs produits en accessibilité et à ne pas se contenter de la règle PMR (Personne à Mobilité Réduite).
Il faut aller au-delà et permettre un accueil beaucoup plus pointu à toutes les personnes qui présentent un handicap.
L’idée : proposer le plus d’inclusion possible ! »

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